Après vous avoir présenté le cadre dans lequel je travaille et j’étudie, laissez-moi vous présenter le cadre dans lequel je vis. Au-delà des clichés, j’essaierai de vous donner mon ressenti personnel du quartier où j’ai vécu durant dix mois : le quartier de Porta Palazzo.
Se loger à Turin
Trouver un appartement depuis Bruxelles n’a pas été une mince affaire. Ne connaissant pas du tout les règles de location locales, et surtout les lieux à privilégier et à éviter, Marius (mon cher collocataire français) et moi avons un peu compté sur la fortune. On opta pour la solution de facilité du 21ème siècle : Air Bnb (En lien l'annonce de l'appartement où j'ai logé)
À peine après avoir découvert que le site proposait aussi des locations longue durée, nous nous sommes mis à contacter les bailleurs pour faire quelques visites. Le sort étant qu’à la première, nous sommes tombés sous le charme d’un petit appartement situé dans la zone de Porta Palazzo. Après une brève rencontre avec les propriétaires, Maurizia et Donatella, nous nous sommes accordés pour signer un contrat de dix mois classique, sans passer par le site Internet. Pour 800 euros par mois, nous sommes devenus locataires d’un charmant 65 mètres carré, composé de deux chambres et deux salles de bains, un salon-séjour-cuisine, beaucoup de fenêtres et un service all-inclusive. Ce dernier point était véritablement décisif dans notre choix : nous nous sommes offert ce luxe immense de faire assurer par notre cher Eugenio, le maintien de la propreté dans l’appartement, toutes les semaines, linge de bain et de lits compris. Internet, eau et gaz étant aussi compris, ce prix nous paraissait entièrement, même après s’être rendu compte du prix du marché (bien plus bas) de la zone dans laquelle nous habitions, après l’avoir étudié lors d’un cours d’évaluation immobilière.
Ce quartier, parlons-en. Porta Palazzo est une zone très populaire, où l’architecture des immeuble sociaux côtoie les rues pleines de charme où antiquaires, cafés, et petites échoppes se côtoient depuis, semble-t-il, des lustres. Le quartier s’articule autour de la Piazza della Republicca où chaque matin se déroule un marché de fruits, légumes et produits frais d’une part, de quincaillerie et vêtements d’autre part, le plus grand d’Europe dit-on. Cette place marque la limite du centre historique piéton qui commence ici par il Duomo (la cathédrale de Turin) où est entreposé le linceul sacré qui aurait (selon la légende) servi a emballer le Christ après sa mort.
D’après certains locaux, il ne fait pas bon trainer dans notre zone le soir, mais après dix mois de vie dans cet endroit, j’en retiendrai surtout la joie du marché des antiquaires (Mercato del Balon) sous ma fenêtre tous les samedis dès le matin et un dimanche dans le mois. J’en retiendrai aussi les restaurants et les cafés où tout le monde connaît tout le monde, et où on se sent comme à la maison. Je garderai un souvenir agréable et vivant de ce qui m’a semblé être un petit village populaire où le temps s’est un petit peu arrêté.
Manger
Comment vous parler de l’Italie sans vous parler de sa nourriture. J’avais de grandes attentes sur ce point, et je n’ai pas été déçu. Durant ce séjour, j’ai pris quelques kilos en redécouvrant le plaisir simple d’une pizza napolitaine, d’une foccacia de Ligure, d’un risotto milanais ou encore des simples pâtes, qui prennent une toute autre saveur lorsqu’elles sont cuisinées comme seuls les Italiens savent le faire. Sans oublier les glaces !
En bref, le point n’est au final pas sur la complexité des plats mais bien sur la fraicheur et la qualité des produits utilisés. En découle une cuisine quotidienne simple et savoureuse, que j’adopterais volontiers dans mon régime habituel (en plus petite quantité tout de même).
Quant aux restaurants, chacun a sa manière de fonctionner mais si je devais relever certains points communs qui m’ont marqué en comparaison de ce qu’on a l’habitude de voir en France, ce serait : - Les prix, relativement bas
- Un couvert parfois à payer (donc le service, le pain et le parmesan mais attention, l’eau n’est que rarement comprise)
- La quantité colossale d’un service complet, soit un antipasto (amuse-bouche), un primo (un véritable premier plat) , un secondo (un véritable second plat), parfois un terzo et enfin, le dessert et le café.
- La rapidité du service, parfois désagréable quand le serveur vide la bouteille dans votre verre pour la débarrasser de la table, ou pire, votre assisette alors qu’elle n’est pas terminée. Heureusement, tous les restaurants n’ont pas en commun cette pratique et une bonne glace après coup peut tout pardonner.
Boire - Danser
Turin, c’est la ville de l’apéritif, la ville d’origine du Vermouth, du Martini, et des cocktails qui en découlent comme le fameux Negroni. C’est aussi la ville de l’apéricena, une sorte d’apéritif-dinatoire qui se déroule à partir de 19h dans de nombreux bars, où pour un prix compris entre 8 et 15 euros en moyenne, on vous sert un cocktail et l’on met un buffet à votre disposition avec très souvent un choix pléthorique d’entrées jusqu’au dessert.
Pour les étudiants, certains bars dans la zone de San Salvario proposent des cocktails peu onéreux, et dans les zones de l’université (Quartier Santa-Giulia), les prix s’abaissent encore pour atteindre 1,5€ l’Aprérol-spritz en happy hour (Le Panche Bar). Il existe aussi certains soirs des étudiants qui se mettent sur les places publiques avec leur petite table, cigarettes et cocktails clandestins pour ceux qui voudraient s’y risquer !
Plus tard dans la nuit, les discothèques de la ville ouvrent leur porte. À mon goût, je n’en ai pas trouvé d’endroits passant de la musique autre que commerciale, sinon des lieux plus typés concert comme le Murazzi et ses soirées techno, ainsi que le Bunker invitant régulièrement des artistes extérieurs. Amateurs de musique indépendante, hip-hop, ou bien rock, bon courage. Cependant pour ceux qui aiment le jazz, je recommande chaudement le Jazz Club où quasi tous les soirs, un groupe est invité à se produire en live. L’entrée est gratuite, le lieux est sympathique et on peut y manger si on réserve à l’avance.
S’habiller
Malheureusement, les chaines de magasins de vêtements jetables et fabriqués dans le tiers-monde ont aussi envahi Turin. Cependant, forte de son héritage textile important (proximité avec Biella où les plus luxueux drapiers y produisent et exportent les plus beaux tissus, peut-être, du monde), on trouve dans les magasins de seconde-main et vintage des pièces superbes d’un temps révolu. Je mentionnerai Magnifica Preda, Epoca, et Humana Vintage.
Pour ce qui est du neuf, les tailleurs étant quasi absents de la ville, on peut compter sur l’enseigne Lanieri pour ses costumes qui a pignon sur rue près de la place Carlo Alberto, ainsi que Sebastian pour ses chemises à l’italienne. En ce qui concerne la mode féminine, j’avoue ne pas m’être vraiment renseigné sur le sujet…
Cela dit, si vous avez quelques retouches à faire sur vos vêtements, je fut surpris de voir la quantité de petites Sartoria (Couturiers de quartier) tenues par des chinois ou des marocains. Elles ne payent pas de mine en général mais si vous savez exactement ce que vous voulez, il vous coûtera relativement peu pour faire ajuster la longueur d’une manche ou le cintrage d’une veste. Je n’ai pas eu de mauvaise surprise à ce jour, mais parfois quelques frayeurs lors de la prise de mesure hasardeuse et rapide.
Se cultiver
Comparé aux grandes métropoles européennes, les galeries d’art privées à Turin sont très rares voire inexistantes. Cependant, l’offre culturel ne se limite pas à ça et la ville propose de nombreuses expositions dans ses nombreux musées publics. Des musées qui peuvent vite coûter très cher si vous ne souscrivez pas à un abonnement annuel (32€ pour les moins de 26 ans), une carte vous donnant accès en illimité à toutes les expositions, musées et monuments publics ouverts à la visite, dans toute la région du Piémont. Autrement dit, un passe-partout.
À propos de ces expositions directement parlant, je fut très surpris de voir assez souvent des ampoules grillées, donc des oeuvres dans l’ombre (si si je vous jure, même les expos temporaires !) , un manque de nettoyage et parfois des salles si obscures qu’on si sent fatigué - ce qui en altère beaucoup l’expérience.
Bon, la plupart du temps, on pardonnera ces erreurs même les plus graves car les lieux utilisés sont somptueux. Palais, châteaux, et parcs historiques majestueux hérités des siècles où l’Italie était à la pointe du savoir-faire architectural. En parlant de cela, j’aimerais vous dire deux mots sur les églises Baroques dessinées par de grands noms (Juvarra, Guarini, Castellamonte…) qui constellent la ville et vous surprennent au détour d’une ruelle. Y entrer, c’est se retrouver dans des trésors où rien n’est trop enivrant, et où rien n’est trop brillant.
S’échapper
La notion de s’échapper est bien évidemment propre à chacun, comme toutes les parties traitées ci-avant. Pour ma part, je parlerai ici des sorties extra-urbaines possibles, car s’échapper du béton, respirer et approcher la nature sont des choses que j’aime faire et que j’ai pu expérimenter durant ce séjour à Turin. La ville comporte un bon nombre de parcs publics, plus ou moins connus, plus ou moins grands et plus ou moins vivants. Le parc du Valentino, par son histoire et sa taille, est l’un des principaux parcs de la ville. On y trouve des clubs de sports, la faculté d’architecture où j’ai pu étudier pendant une année (l’article est ici), ainsi qu’une proximité au fleuve Po’ apportant un peu de fraicheur toute l’année. L’été, des événements plus ou moins organisés s’y tiennent (Salon de l’auto, rave party, rassemblement pour apéro géant…) et on peut rejoindre ce petit monde le temps d’une après-midi pour y lire un livre ou le temps d’une soirée qui se terminera au petit matin.
Mais la vue de la montagne à l’horizon depuis les rues de Turin appelle clairement à s’y échapper le temps d’un week-end. Avec mon colocataire, nous sommes allés chez lui dans les Alpes Françaises à Monetier-les-Bains (comptez 1h45 de voiture pour rejoindre cette station du domaine de Serre-Chevalier). Peu de temps donc, mais encore plus proche, les stations italiennes vous accueilleront été comme hiver pour des week-ends à l’air frais, et un peu plus pur que celui de la ville.
Ce n’est pas fini, de l’autre côté vers le sud, et à distance égale, il y a la mer ! On rejoint la Ligure, ses petites villes côtières et ses plages en peu de temps que ce soit en voiture ou en train.
En parlant de train, l’Italie est assez bien dotée niveau réseau de chemin de fer, les tarifs ne sont pas excessifs mais attention aux retards, ils sont systématiques ! Cela dit, au vu des trésors qui vous attendent à la station suivante, le jeu en vaut largement la chandelle.
À très bientôt pour d'autres articles qui parleront d'écologie, et de mode de vie durable.
Bon vent !
Minh-Son L. Nguyen (Merci à Carla Rogiez pour la correction ;) )
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